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Edito ISN : "Pour des objets connectés à visage européen"

Bernard Benhamou, Secrétaire général de l'ISN, signe un édito dans l'édition de novembre 2016 de l'Expansion.

Si les révélations d’Edward Snowden ont permis aux opinions publiques de prendre conscience des risques liés à la surveillance de masse, les entreprises ont dans le même temps pris la mesure de la vulnérabilité de leurs cyber-infrastructures. La protection des données et leur confidentialité sont devenues des enjeux économiques et politiques majeurs pour les entreprises comme pour les États. Désormais, l’essor de nouvelles générations d’objets connectés représente un défi encore plus grand pour les architectes de ces technologies comme pour les régulateurs. Les objets connectés sont sur le point de devenir les vecteurs privilégiés de nouvelles générations de services dans les domaines de la santé, de l’énergie, de la maîtrise de l’environnement ou encore des transports…). Les pays de l’Union européenne qui n’ont pas été en mesure jusqu’ici de s’imposer dans les technologies clés de l’Internet (moteurs de recherche, réseaux sociaux, terminaux mobiles…) doivent désormais mettre en place une stratégie industrielle pour les prochaines générations d’objets connectés.

 

Ces objets pourraient en effet transformer notre rapport aux technologies et faire évoluer la notion même de vie privée. Ainsi, à mesure que ces objets viendront se fondre dans notre environnement, ils recueilleront des informations sur chaque étape de la vie quotidienne de leurs usagers. Face au risque d’une crise de confiance généralisée vis-à-vis de technologies jugées parfois trop intrusives, l’établissement d’un cadre de confiance européen pour la sécurité et la confidentialité des données issues des objets connectés pourrait devenir un enjeu politique et industriel de premier plan. En effet, la crise de confiance issue de l’affaire Snowden pourrait évoluer en méfiance systématique si les citoyens doutent de la sécurité et de la confidentialité des données recueillies par des milliards d’objets connectés présents dans leurs environnements.

 

Si, comme le rappelle P. Nemitz, le directeur du département juridique de la Commission européenne : « Les préoccupations écologiques ont commencé en Europe et ont conduit l'industrie européenne à des gains de compétitivité, la protection des données doit désormais être à l’origine d’un mouvement similaire qui partira d’Europe… ». Or, les pays de l’Union européenne ont jusqu’ici laissé les autorités américaines (et souvent leurs agences de renseignement) écrire le « Code » des technologies de l’Internet. Afin d’exister demain sur la carte mondiale des technologies, l’Europe qui possède parmi les meilleurs développeurs et spécialistes mondiaux de la cryptographie, devra être en mesure de participer au développement des normes et standards des objets connectés et veiller dans le même temps à ce que ces technologies soient conçues dans le respect des principes et valeurs des citoyens européens.