Promouvoir de nouvelles
formes de souveraineté pour
l'Europe numérique

Interview : "Le Congrès américain est il en train de prouver qu’il est possible de reprendre le contrôle de nos destins face aux géants de la tech ?"

C'est une journée pour le moins compliquée pour les entreprises de la tech. Ce mercredi 5 septembre, les hauts responsables de Google, Facebook et Twitter sont convoqués devant deux commissions parlementaires aux États-Unis. Facebook sera représenté par sa numéro deux, Sheryl Sandberg, Twitter par son PDG, Jack Dorsey. Concernant Google, le cofondateur Larry Page a fait savoir qu’il ne souhaitait pas répondre à la convocation.

Extrait :

Atlantico : On sait que les élus Républicains demeurent très suspicieux vis-à-vis de la Silicon Valley. Cette fois-ci, la possibilité de sanction a été révélée. Le pouvoir politique américain, est-il en train de montrer qu’il est capable d’encadrer les géants de la tech ? Les politiques, comprennent-ils vraiment les enjeux techniques qui se jouent ici ?

Bernard Benhamou : "Capable", le terme est un peu fort… Je dirai que nous assistonsà une prise de conscience tardive. Nous parlons ici de risques avérés de polarisation de l’opinion publique. Nous avons en effet constaté que pour être audible, un discours sur internet se doit d’être plus radical que celui de la majorité. Cela amène à exprimer des positions plus radicales. Nous savons cela mais sommes-nous pour autant face à une prise de conscience politique majeure ? Cela commence à peine. Il y a deux versants de l’échiquier.

On le voit aux États-Unis avec Donald Trump qui lui-même joue des divisions au sein même de son camp et au-delà. Mais est-ce que pour autant l’ensemble de responsables qui sont devenus conscients de l’urgence à agir de manière à éviter que les grandes plateformes ne soient capables de faire dérailler le processus démocratique, c’est moins évident… Nous devons aller vers une plus grande régulation mondiale sur les données etune plus grande transparence des algorithmes tout en préservant les principes fondamentaux de nos démocraties et c’est encore loin d’être le cas.

Quant à savoir si les politiquescomprennent-ils les enjeux techniques, en fait, c‘est très variable, même aux États-Unis. Au sein même du Congrès, aussi bien à la chambre qu’au Sénat, on voit bien qu’il y a des maîtrises des dossiers très différentes. Certains élus comme le Sénateur Mark Warner sont très pointus et ont eu une carrière dans les technologies et d’autres qui sont encore très flous quant au mécanisme de fonctionnement des grands acteurs de la Tech. En particulier, dès qu’il est question de la régulation des algorithmes ou encore des phénomènes de radicalisation sur Internet. Nous voyons bien que pour certains, tout cela reste très nouveau. Quand il est question comme aujourd’hui de tout ce qui peut être relatif au fait de favoriser de manière hyper-ciblée tel ou tel type d’opinion sur internet, nous observons encore un déficit de maîtrise.

À l’heure actuelle, nous sommes encore le nez collé sur le scandale Cambridge Analytica. Il y a une vraie crainte de la part de l’ensemble des responsables politiques (en France y compris) de voir des manipulations à grande échelle se répéter. Cela s'est produit et ça risque de se reproduire pour les prochaines élections de mi-mandat aux États-Unis en novembre prochain. Il y a urgence.

Lire l'intégralité de l'article sur le site d'Atlantico.